« Je pompe donc je suis »
La phrase "Je pompe donc je suis" est une réécriture ironique de la célèbre formule cartésienne "Je pense donc je suis", qui place la conscience de soi au cœur de l’existence humaine. Ici, "pomper" peut être interprété comme une métaphore du travail, de l’effort ou d’une tâche répétitive liée à une activité professionnelle ou à un rôle social. Cette réécriture invite à réfléchir sur le fait que, dans la société contemporaine, nous avons tendance à définir notre identité principalement par notre métier ou notre statut, plutôt que par nos passions, nos valeurs ou notre essence personnelle.
L'identité réduite à la fonction sociale
Dans les sociétés modernes, le travail occupe une place centrale dans la vie des individus. Lors d'une première rencontre, il n’est pas rare que l'une des premières questions posées soit "Que fais-tu dans la vie ?". Cette interrogation révèle un réflexe profond de réduire la personne à sa fonction économique ou à son rôle social, comme si ce qu’elle fait pour gagner sa vie était l’aspect le plus important de son existence.
Se définir par son travail devient alors une manière simplifiée de se situer dans la société, de légitimer son existence et de signaler son utilité. Dans un système où le statut social est souvent associé à la profession (qu’il s’agisse de la hiérarchie, du revenu ou de l’influence), se présenter par son emploi devient une façon d’être reconnu et valorisé. Pourtant, cette tendance crée une tension avec notre identité plus profonde, faite de nos croyances, de nos passions et de nos aspirations.
Le danger d’une identité fonctionnelle
Se limiter à une définition professionnelle de soi peut mener à une sorte de réduction de l’individu. Le travail devient alors une performance qui détermine notre place et notre valeur dans la société. Cette manière de se définir peut entraîner des souffrances, surtout lorsque le métier devient aliénant, répétitif ou déconnecté de ce qui nous passionne véritablement. Ainsi, "Je pompe donc je suis" peut également symboliser une existence mécanique, où l’être humain est pris dans une routine ou une tâche monotone sans véritable connexion à son être profond.
Ce qui est problématique dans cette approche, c’est qu’elle peut conduire à une perte de soi. Si notre valeur personnelle est uniquement liée à ce que nous produisons ou à notre statut social, alors que devient notre identité si l’on perd son emploi, si l’on prend sa retraite ou si l’on choisit de changer de carrière ? L’être humain devient alors un rouage du système, et la qualité intrinsèque de l’individu, ses désirs, ses rêves, ses engagements personnels peuvent être mis de côté, voire oubliés.
Réapprendre à se définir autrement
Se définir par ce que l’on aime, ce qui nous passionne ou ce que l’on pense exige une démarche introspective plus complexe, mais aussi plus enrichissante. Elle nécessite de déconstruire l’idée que l’individu se réduit à sa fonction sociale. Il est possible, et souhaitable, de mettre en avant d’autres aspects de notre identité : nos relations humaines, notre créativité, notre capacité à aimer, nos idées, notre désir de contribuer à la société autrement que par un simple rôle productif.
Cela renvoie à la nécessité de valoriser d’autres formes de reconnaissance sociale, qui ne se basent pas exclusivement sur la réussite professionnelle. Nous pouvons envisager une société où le statut ne serait pas seulement mesuré en fonction du travail que l’on fait, mais aussi par l’impact positif que l’on a sur les autres, par la façon dont on cultive des passions, ou encore par notre capacité à nous épanouir et à contribuer à la richesse humaine et culturelle de la communauté.
Aller plus loin
"Je pompe donc je suis" exprime avec ironie la réduction de l’individu à son rôle professionnel, illustrant un phénomène social où l’identité se confond avec la fonction économique. Or, cette vision limite la richesse de l’humain à une dimension étroite de sa vie. Pour se libérer de cette aliénation, il est essentiel de redéfinir l’identité à travers des prismes plus vastes, en mettant en avant ce qui nous anime réellement : nos passions, nos valeurs, et ce que nous aimons.
Dans notre société où le désengagement n’a jamais été aussi élevé, c’est souvent cette redéfinition et cette re-connexion entre leurs valeurs et leur activité que les salariés appellent profondément.
Redéfinir l’identité au-delà de la fonction économique, c’est enrichir l’existence humaine.
Et ça, ça vaut tous les CDI du monde.